Peertube : https://tube.kher.nl/video-channels/mangayoh_channel/videos
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCImVxjIl3rIEoQIqeDIvKfA/videos

La vidéo sur Peertube et Youtube :

Lorsque l’on s’interroge sur ce qu’il y a de mieux à faire en termes de santé, on peine souvent à trouver des informations fiables et de confiance. Idéalement, il faudrait qu’on lise directement les études sur les revues scientifiques à comité de lecture. Sauf qu’on n’a clairement pas toustes les compétences et encore moins le temps pour lire et décrypter les milliers d’articles publiés sur un même sujet.
On se tourne généralement vers des articles de presse, de blog, des vidéos, des reportages, des sites internet divers et variés… C’est plus accessible, mais pas toujours évident d’en déterminer la fiabilité.

Ici, on va donc passer en revue quelques points clés pour y voir plus clair et éviter les désinformations. Et comme on ne peut pas traiter de tous les sujets en lien avec la santé, on va se focaliser sur les liens entre santé et nutrition, et il y a déjà beaucoup à dire à ce sujet.
Et pour cette vidéo je serai accompagné de Sohan Tricoire, diététicien.ne et ex-naturopathe qui tient aussi une chaîne qui déconstruit les croyances irrationnelles autour des pseudo-médecines, et notamment la naturopathie.

I Et si on avait tort ?

S’il y a des aliments que vous croyez bons pour la santé, mais qui ne le sont en fait pas tant que ça, ou à l’inverse, qu’un truc que vous pensiez mauvais soit en fait bénéfique, est-ce que vous changeriez d’avis ?

Si votre but est d’être en bonne santé, vous devriez avoir répondu oui. Quel intérêt de conserver une croyance ou une habitude qui sera contre productive puisqu’elle ne vous aiderait pas à être en bonne santé ?

Si on persiste à croire un truc faux, même s’il se trouve qu’il y a des preuves qu’on se trompe, c’est du dogmatisme. Et le problème du dogmatisme – sur un sujet comme celui-ci – c’est qu’on va continuer à consommer, ou à conseiller, des trucs dangereux, et à éviter les trucs bénéfiques. Bref, le dogmatisme ça n’aide pas trop à être en bonne santé.

Quand on a une approche scientifique, c’est l’inverse du dogmatisme. On veut avoir des connaissances qui soient au plus proche de la réalité. Si on a tort, on n’a pas envie de rester sur une idée fausse, donc on essaie d’être toujours prêt à se remettre en question, à changer d’avis, et à envisager qu’on a possiblement tort sur certains sujets. Même sur des sujets qui 

nous semblent évidents ou sur lesquels on a une opinion depuis longtemps, par exemple parce que nos parents nous l’ont appris.

II – Détecter les red flag :

Quand on fait une recherche sur un sujet, aucun élément ne permet à lui seul de s’assurer de la fiabilité d’un contenu, mais on peut toutefois prêter attention à quelques red flag qui doivent éveiller notre méfiance.

Déjà méfions-nous des prétentions extraordinaires. Par exemple, quand une personne semble absolument tout savoir ou prétend pouvoir tout guérir. Quand un aliment est présenté comme un super aliment, comme par exemple le thé vert, présenté comme une boisson alliée de la perte de poids, contre le cancer, diminuant les accidents cardio-vasculaires et l’ostéoporose. Quand un régime ou une pratique comme le jeûne est présenté comme miraculeux. Ou bien encore quand un complément alimentaire est présenté avec des vertus extraordinaires, ou par exemple un régime alimentaire qui serait censé guérir le cancer.

Et d’ailleurs, quand vous entendez parler d’un traitement qui prévient ou guérit “le cancer” – non pas “tel ou tel cancer précis” mais “le cancer” – ça sent pas bon.

D’ailleurs quand les gens ont ce genre de discours, un bon moyen de savoir que ça ne vaut pas grand chose, c’est qu’il n’y a souvent aucune source. Et ça, l’absence de source, c’est vraiment un gros red flag. Et de même, méfions-nous si une personne se contente de s’auto-citer.

Un contenu sérieux affichera en effet ses sources, en citant notamment des études – et leurs références, de manière à ce que chacun-e puisse s’y référer et aller les lire.

Bien évidemment, la présence d’études mentionnées comme sources ne garantit pas que le contenu est absolument fiable, mais c’est déjà un bon indicateur. Encore faut-il que les études citées soient d’un niveau de preuve suffisant, mais aussi qu’elles soient comprises et correctement interprétées. Il est courant par exemple qu’un média cite une étude scientifique mais en déformant ses conclusions ou en les affirmant avec beaucoup moins de prudence. Et évidemment, il faut que les études citées aient un lien avec le sujet, parce que c’est pas évident pour tout le monde apparemment : on voit parfois des citations d’articles qui servent à donner une caution scientifique, mais qui n’ont rien à voir avec le sujet.

Et quand on parle de sources, on parle de sources scientifiques, une anecdote ou le témoignage du voisin ne sera pas une preuve suffisante pour acquérir des connaissances fiables. Les personnes qu’on voit au quotidien, ça ne peut pas être un échantillon représentatif de la population, de plus, nous même on est biaisé-e sur nos observations ou ce qu’on tire des témoignages qu’on entend. Par exemple, on va davantage retenir les informations qui vont dans notre sens, c’est le biais de confirmation.

La science en nutrition, c’est complexe, et tout comme en médecine ou d’autres sciences, on a des communautés de chercheur-se-s qui vont travailler avec de gros échantillons, qui vont publier de nombreuses études qui seront relues et critiquées par les autres chercheur-se-s. Et c’est en croisant l’ensemble de ces études qu’on va voir quelles sont les tendances générales, et éventuellement voir si un consensus scientifique s’en dégage. Et du coup, quand une personne annonce un nouveau régime particulier qu’il a lui-même inventé grâce à sa propre expérience clinique, ça a pas mal de chances d’être biaisé, et ça doit susciter la méfiance.

La science ne peut pas se faire tout seul. La réalité de la recherche est bien loin du scientifique de génie tout seul dans son labo. Tout seul, on ne peut pas mettre en place la multitude d’études nécessaires, et surtout, tout seul on est extrêmement sujet aux biais psychologiques et méthodologiques.

Attention aussi aux personnes qui exercent illégalement la diététique et qui n’ont pas de formation sérieuse au sujet de la nutrition : les “nutrithérapeutes”, les “micro-nutritionnistes”, les “coach en nutrition”, les naturopathes. En termes de nutrition, mieux vaut se fier aux professionel-le-s de santé que sont les diététicien-ne-s et les médecins nutritionnistes, qui ont reçu des enseignements sérieux sanctionnés par un diplôme reconnu par l’État.

Attention cependant à ne pas baisser la garde trop vite : ce n’est pas parce que c’est un-e médecin ou un-e diététicien-ne qui parle que ce qu’iel dit est forcément vrai. On compte pas mal de professionnel-le-s de santé qui disent des choses sans fondements scientifiques – voire dangereuses – au sujet de la nutrition, comme par exemple le Dr Seignalet et son régime hypotoxique, le Dr Delabos et la chrono-nutrition, ou bien encore les intolérances alimentaires à IgG du Dr Mussi… La blouse blanche n’est donc pas la garantie du sérieux d’une personne, même si c’est un bon préalable le plus souvent. Et ce n’est pas non plus parce qu’iels ont écrit de nombreux livres que leurs propos sont censés. D’ailleurs, contrairement à des revues scientifiques, les livres ne sont pas forcément relus et corrigés par d’autres professionnel-le-s du domaine. Le critère numéro un pour publier un livre n’est pas tant sa qualité que son potentiel de vente. Et c’est pour cette raison que – même s’il existe évidemment de très bons livres sur la santé – il en existe une quantité énorme qui sont complètement foireux mais qui se vendent très bien.

Méfiance également si le contenu fait référence à un-e auteurice connu-e pour ses propos déconnectés de la réalité ou promouvant des pseudo-sciences comme l’homéopathie ou les fleurs de bach. Ça ne veut pas dire que ce qu’elle dira sur la nutrition sera faux, mais c’est un indicateur à prendre en considération pour augmenter sa méfiance : une personne qui va à l’encontre du consensus scientifique sur la vaccination par exemple, ne sera peut-être pas très rigoureuse sur d’autres sujets.

Nous devrions aussi nous méfier des personnes qui ont réponse à tout, qui semblent tout savoir et qui ne font jamais preuve de nuance. Car quand on parle de santé, si on a une approche sérieuse, on utilise pas mal de précautions de langage, et on sait reconnaître les limites de nos compétences. Et on sait aussi admettre nos erreurs et faire évoluer nos connaissances, c’est comme ça que fonctionne la science.

D’ailleurs, on peut évaluer le sérieux d’une personne en observant ses réactions face à la critique. Si au lieu de fournir des preuves scientifiques tangibles ou de se remettre en question elle répond avec des sources pas fiables du tout ou devient agressive sans donner d’argument, c’est plutôt mauvais signe.

Autre point de vigilance important à garder en tête lorsqu’il est question de santé et de nutrition : l’appel à la nature. On lit ou entend parfois qu’un aliment, un régime ou bien encore un mode de préparation des repas serait bon pour la santé car naturel. C’est notamment le cas dans certains contenus qui parlent d’alimentation végétale ou de crudivorisme. Mais il faut se rappeler que ce qui est naturel n’est pas nécessairement meilleur, ni même bon pour la santé. Le caractère naturel d’une chose (et a fortiori d’un aliment) ne dit rien de sa valeur nutritionnelle ni de son intérêt en termes de santé. A titre d’exemple on pourra citer les amanites phalloïdes, l’arsenic et la cigüe : ces éléments sont tout ce qu’il y a de plus naturel, et pourtant ils sont très néfastes !

Attention, on ne dit pas que les pratiques promues comme naturelles sont nécessairement mauvaises. On dit simplement que l’argument de leur “naturalité” n’est pas un bon argument et qu’il doit conduire à se méfier.

Autre argument fallacieux assez courant pour justifier d’avoir telle ou telle alimentation, l’appel à la tradition ou à l’ancienneté. L’idée de ces arguments – quand ils sont évoqués dans le contexte de l’alimentation – c’est que le régime de nos ancêtres était forcément celui adapté à leur corps, et vu que notre organisme n’a pas changé depuis, cette alimentation serait aussi adaptée à nous. C’est notamment l’idée du régime paléo, qui vise à se rapprocher de l’alimentation des humains à l’époque des chasseurs-cueilleurs, bien avant l’agriculture et l’élevage. Ça exclut donc tous les aliments raffinés, les produits laitiers, les céréales et les légumineuses, puisque nos ancêtres n’en mangeaient pas.

C’est très séduisant comme approche – on retrouve l’idée d’une alimentation qui serait “faite” pour nous – sauf que y a plusieurs points qui clochent avec cette logique :
– Déjà, partir du principe que nos ancêtres avaient une alimentation optimale, c’est une hypothèse pas si évidente. Par le passé, on n’avait pas l’abondance d’aujourd’hui, et pas la même espérance de vie non plus, et nos ancêtres mangeaient surtout ce qu’ils avaient à disposition.
– Ensuite, rien n’indique qu’il ne serait pas possible de découvrir de nouveaux aliments qui soient bons pour nous. Et c’est le cas des légumineuses, qui sont exclues du régime paléo, alors qu’elles ont pourtant beaucoup d’intérêt nutritionnel.

Et d’ailleurs l’alimentation de “nos ancêtres”, c’est quoi ? Parce que certains vont dire que c’était ce qu’on retrouve dans le régime paléo, mais d’autres vont dire que le régime des ancêtres c’était de manger quasi-exclusivement végétale, d’autres encore vont dire qu’on mangeait exclusivement crudivore. Qui a raison ? Ben personne et tout le monde, parce que les humains n’ont pas eu un régime alimentaire allant du début de l’humanité à la mise en place de l’agriculture. On parle quand même de plusieurs centaines de milliers d’années, et on a donc eu pas mal d’ancêtres, avec tout un tas de régimes alimentaires différents suivant les zones géographiques ou les périodes historiques (Très bonne vidéo de Tofu Critique à ce sujet).

Dans une logique similaire, pour chercher quelle alimentation est “faite” pour nous, on a la fameuse anatomie comparée. L’idée étant de comparer notre anatomie à celle d’autres animaux, et d’en conclure qu’en fonction de notre dentition, de la taille de notre intestin, etc. on serait adapté à telle ou telle alimentation.

On a par exemple des militants animalistes qui disent que notre physiologie étant proche de celle des herbivores, on serait “fait” pour être végétalien. Bref, ce genre d’argument ne vaut pas grand chose en nutrition, et quand quelqu’un vous dit qu’une alimentation est “faite” pour nous, ou que la taille de nos intestins ou de nos dents proches de tel ou tel animal, justifie que vous deviez manger comme lui, ça doit vous mettre la puce à l’oreille.

Si vous voulez inciter les gens à ne plus manger de produits animaux, très bien, c’est pas nous qui allons vous en dissuader, mais ce serait sans doute préférable de le faire avec de bons arguments plutôt qu’avec ce genre d’arguments douteux.

Une autre façon de faire du tri dans les informations auxquelles on est confronté-e-s au sujet de la nutrition, c’est de fuir certains mots-clés. Il y a en effet des concepts dont on sait qu’ils ne sont pas fondés et auxquels il vaut mieux ne pas se fier. On a notamment l’appel à la nature qu’on a déjà évoqué : lorsqu’il est question d’alimentation “naturelle”, il vaut mieux se méfier, ce qui est naturel n’étant pas nécessairement souhaitable.

– Idem lorsqu’il s’agit de “détox” : ce concept repose le plus souvent sur des croyances infondées, sans préciser de quoi nous devrions nous détoxifier ni comment. La logique des cures “detox” est souvent la même : stimuler les capacités de détoxication du foie et l’élimination opérée par voie rénale ou intestinale.
Mais manger équilibré et avoir une hygiène de vie convenable suffit au bon fonctionnement de nos organes en charge de la détoxication. En effet, notre organisme n’a pas besoin d’être stimulé pour réaliser ce travail de détox.

– Méfiance également lorsqu’un contenu vante les mérites de l’alimentation alcalinisante, basée sur le concept d’équilibre acido-basique : tout cela n’a pas de fondement sérieux. Bon la question de l’équilibre acido-basique du corps, c’est vraiment complexe. Mais pour faire simple : est-ce que ce qu’on mange influe notre PH ? Oui…  mais notre corps sait tamponner l’acidité et rééquilibrer ça. De fait, quelle que soit notre alimentation, notre PH restera stable. Et si notre corps n’est plus en capacité de réguler lui-même ce PH, alors le problème est sacrément grave. Cet état est pathologique et ne va pas être résolu par juste une diète alcalinisante.

– Une autre expression qui doit nous alerter, c’est quand on nous promet de « booster » notre système immunitaire. L’immunité est une fonction complexe de notre organisme, et – sauf pathologie particulière – pour qu’elle soit optimale, nous devons tout simplement apporter des nutriments essentiels à travers une alimentation équilibrée et avoir une hygiène de vie adaptée. Les compléments d’antioxydants peuvent par exemple compenser des carences et donc améliorer le fonctionnement de l’immunité, mais ce n’est pas en se gavant de compléments alimentaires qu’on va “booster” son immunité au-delà de son fonctionnement normal.

La vigilance est également de mise quand quelqu’un-e assure qu’un aliment est indispensable, car aucun aliment ne l’est, seuls les nutriments qui le composent le sont. Et pour avoir tous les nutriments nécessaires, c’est clair qu’il est préférable d’avoir une alimentation diversifiée, mais vu que y’ a genre des dizaines de milliers d’aliments comestibles pour l’humain dans le monde, heureusement qu’on a pas besoin de tous les consommer.

Par exemple, on entend parfois que les produits laitiers seraient indispensables à tous les âges de la vie. Mais ce n’est pas le cas : ce qui est indispensable, ce sont les protéines et le calcium, qu’on peut trouver, certes, dans les produits laitiers mais aussi dans de nombreux autres aliments.

Un autre exemple serait celui de la viande, qui serait indispensable car source de vitamine B12. Or, si la vitamine B12 est indispensable, la viande ne l’est pas : on peut tout à fait avoir des apports adaptés en vitamine B12 avec une complémentation suffisante.

III – Le manichéisme : Exemple du bio/pesticides

Un des gros sujets quand on parle de santé, c’est les pesticides, le bio, et les OGMs.

Dans la vision manichéenne qu’on peut souvent lire et entendre, le bio, c’est bien, les pesticides, c’est pas bien, les OGMs, pas bien non plus. En pratique, c’est plus compliqué et surtout plus nuancé. Et pour répondre à ça, je pourrais juste répéter une partie de ce que j’ai déjà dit dans la vidéo sur l’écologie qui s’applique tout aussi bien à l’alimentation.

-« On peut faire attention à éviter certaines généralités, ou alors s’assurer que ces généralités sont pertinentes. Par exemple, quand on se dit contre les pesticides, contre les OGMs, est-ce que ce sont tous les pesticides et tous les OGMS qui posent problème ? Ou juste certains d’entre eux ?

D’ailleurs beaucoup de gens sont pro-bio parce qu’ils sont anti-pesticides, pourtant le bio autorise certains pesticides. Ce qui nous montre encore que les gens ne sont pas toujours bien informés, et qu’ils peuvent défendre des positions sans en connaître les implications. Dans le bio, les pesticides qu’on n’autorise pas, ce sont ceux “de synthèse”, et sont donc autorisés les pesticides dits “naturels”.

Et de fait, ça met déjà en avant un souci avec le bio. Comme on l’avait déjà vu, le “naturel” n’est pas un critère très pertinent pour trier ce qui est bon ou pas.

D’ailleurs, des pesticides toxiques et “naturels”, il y en a déjà eu dans l’agriculture biologique, comme le roténone, qui a depuis été interdit.

Et attention, le fait que l’argument du “naturel” est mauvais ne dit pas que le bio est mauvais, et l’on ne va pas trancher ça ici. En revanche, ce que ça nous dit, c’est que peu importe si le bio est généralement mieux ou pas sur le plan sanitaire ou écologique, il y a un souci sur un des principaux critères utilisés dans son cahier des charges. Et donc que le bio pourrait être mieux que ce qu’il est actuellement s’il utilisait des critères plus rationnels« .

Bref, on ne le répétera jamais assez, le fait qu’un aliment soit naturel ou pas ne dit rien de sa qualité nutritionnelle (et de sa désirabilité). Pour les pesticides – de même que pour n’importe quel autre produit – il faut regarder au cas par cas la toxicité et la dose. Ce n’est pas la même chose de consommer un produit par microgramme ou par kilo.

Des substances toxiques, il y en a naturellement dans la majorité des aliments qu’on mange. Par exemple, il peut nous arriver régulièrement de consommer des faibles doses de cyanure dans les amandes (plus précisément, de l’amygdaline qui deviendra du cyanure). Mais pas de panique, pour ne pas s’intoxiquer, il suffit d’éviter de manger plus de 3kg d’amandes dans la même journée. Ou 120 parts de frangipanes (Calcul : dose fatale pour un humain : 1,5 mg/kg soit 105mg pour un adulte de 70kg car teneur en cyanure des amandes = 30mg/kg, 200g d’amandes pour une galette de 8 parts).

Évidemment, dit comme ça fait beaucoup moins peur. Si les seuils minimaux de dangerosité sont en pratique impossibles à atteindre, la substance en question ne sera pas tellement préoccupante (On a aussi la solanine par exemple, qui se trouve dans les tomates et les pommes de terre, qui peut causer des maux de tête, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée, hallucinations. Mais si on prend en compte les seuils de dangerosité en fonction de la quantité, il est très invraisemblable d’atteindre les doses risquées).

À l’inverse, d’autres substances ont des dosages dangereux plus faciles à atteindre, comme la consommation de myristicine contenue dans muscade qui peut entraîner des troubles neurologiques et hallucinations, et il est recommandé d’éviter de dépasser la dizaine de grammes journalière. Bon heureusement, on consomme rarement de telles doses.

Bref, comme le dit la citation de Paracelse : “Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison”, avec des seuils bien différents d’une substance à l’autre, tout n’est pas bon avec modération.

Ce manque de prise en compte des doses est un reproche qui est souvent fait à la classification du CIRC, qui catégorise chaque substance selon la certitude qu’on a sur leur potentiel cancérogène, mais sans prendre en compte les doses ingérées.

(Bon juste une nuance sur le fait que le risque est proportionnel avec la quantité. Cette phrase ne marche pas avec les perturbateurs endocriniens (dioxines, composés perfluorés, bisphénol A). (car ça passe par des effets hormonaux, où on peut avoir un effet de saturation sur des récepteurs. Par exemple, la fixation du Bisphénol A se fait sur certains récepteurs à faible dose, puis sur d’autres récepteurs qui ont des effets antagonistes lorsqu’on a des doses plus élevées).

Je précise, l’idée ici c’est pas du tout d’avoir un discours pro-pesticides et de dire que y a rien à redire dans l’usage des pesticides actuellement. À notre connaissance, les normes sont assez strictes, et certains pesticides néfastes ont déjà été interdits, comme le chlordécone. Après il y a certainement encore pas mal de produits qu’on utilise et qui posent souci sur le plan sanitaire – ou environnemental – et qu’il faudrait certainement diminuer ou arrêter. Je n’ai pas la prétention de trancher ça, l’idée ici c’est surtout de prendre en compte la nécessité d’une évaluation au cas par cas de chaque produit et des dosages à ne pas dépasser.

Je ne vais pas détailler plus sur la question des pesticides, mais si on veut éviter les substances toxiques, avant même de se pencher sur les substances qu’on consomme en microgramme et dont on est même pas sur qu’elle aient un effet sur nous, on peut se questionner sur les substances qu’on consomme par dizaine de gramme et dont le potentiel cancérigène et la dangerosité sont clairement avéré : genre l’alcool.

Parce que oui, les substances toxiques qui sont cancérigènes avéré et qu’on consomme au quotidien dans des doses non négligeables, c’est tout simplement le tabac et l’alcool. Et contrairement à ce qu’on entend souvent, une consommation “modérée” d’alcool a déjà des effets nocifs, et n’est clairement pas “bonne pour la santé”.

L’important à retenir sur cette partie, c’est vraiment d’éviter le manichéisme, avec une catégorisation bon/mauvais sur diverses catégories d’aliments, sur le bio, les pesticides, etc. Et de même pour les OGMs. Ça aussi on l’avait évoqué dans la vidéo sur l’écologie, donc je détaille pas ici, mais pour faire court, on ne peut pas faire une généralité en disant que “les OGMs” en général sont mauvais. Il se peut très bien que certains soient nocifs et que d’autres soient tout à fait sains. Surtout que légalement, OGMs, çe ne comprend pas toutes les modifications génétiques. La plupart des aliments qu’on mange au quotidien sont également génétiquement modifiés, puisqu’ils sont issus d’hybridations ou de sélection artificielle ayant favorisé certaines mutations génétiques.

Du coup, il vaut mieux opter pour une évaluation au cas par cas de chaque nouvelle mutation génétique, non pas sur la technique utilisée, mais sur les nouveaux caractères introduits.

D’ailleurs, peu de personnes le savent, mais l’insuline produite pour les personnes diabétiques est synthétisée par des bactéries OGM. Et avant ça, pour produire de l’insuline il fallait utiliser des pancréas de cochons ou de vaches. L’alternative à base de bactéries OGM semble donc préférable, car plus éthique pour une finalité équivalente.

Autre exemple de manichéisme, on entend souvent parler des aliments ultra-transformés qu’il faudrait éviter. Pourtant, on ne peut pas affirmer que les produits transformés sont mauvais par essence. S’il est vrai que pas mal de produits transformés sont moins intéressants d’un point de vue nutritionnel car trop riches en sel, en sucres ou en graisses saturées, d’autres peuvent être tout à fait sains. Par exemple les préparations infantiles ou encore certains similis carnés.

Ce n’est pas la transformation en soi qui est problématique, mais la manière dont elle est faite, et surtout les ingrédients qu’il y a dedans.

Et si on vous encourage à vous renseigner et à adopter une alimentation saine, attention à ne pas en faire une obsession.

Des aliments considérés “peu sains » peuvent tout à fait s’inclure dans une alimentation équilibrée, ce n’est pas grave de manger des trucs sucrés ou des aliments à consommer avec modération. D’ailleurs une bonne alimentation et un mode de vie sain en général, c’est important pour être en bonne santé, c’est sûr, mais ce n’est clairement pas la cause de tous les problèmes de votre vie, contrairement à ce qu’on peut entendre dans le milieu hygiéniste.

Il est important d’éviter les sentiments de restriction et de culpabilité vis à vis de la nourriture, car cela risquerait d’entretenir chez vous un rapport très peu sain à l’alimentation. Déjà une alimentation perçue comme restrictive, c’est très difficile à tenir dans le temps, mais surtout, ça peut avoir des conséquences psychologiques délétères, jusqu’aux troubles des conduites alimentaires. C’est un sujet qu’on avait déjà abordé dans la vidéo sur l’aphrodisme.

IV – Conclusion :

Trouver des informations fiables sur la santé et la nutrition c’est pas toujours simple. On vous propose en description quelques liens de contenus que l’on pense fiables.

Et si on ne sait pas où chercher, si on ne connaît pas de source fiable, on peut commencer par faire une recherche sur le site de l’Anses, ou par aller voir ce qui se dit sur Wikipedia, où le contenu est sourcé et revu par les lecteurices. Ça ne garantit évidemment pas une fiabilité à 100%, et il faudra rester vigilant-e, mais ça reste largement plus fiable que la plupart des bouquins que vous trouverez en librairie ou que la plupart des sites internet. Et sur wikipédia, on peut ensuite aller chercher dans les références bibliographiques pour aller plus loin, et vérifier la source des infos.

Autre réflexe important : croiser les sources, ne pas se cantonner à un article, une étude ou un ouvrage. C’est intéressant et même essentiel d’aller chercher des informations qui contredisent ce que l’on pense, pour voir un peu la solidité des idées que l’on défend.

Et si vous voulez contribuer à la recherche sur la nutrition, c’est possible ! Pour cela, il faut vous inscrire pour rejoindre l’étude Nutrinet, pour laquelle on vous demandera seulement de répondre de temps en temps à des questionnaires sur votre santé et vos habitudes alimentaires. Toutes les données récoltées permettent de contribuer à la recherche et d’améliorer nos connaissances sur la nutrition !

D’une manière générale, c’est préférable de faire confiance aux professionnel-le-s de santé… tout en restant vigilant-e et critique ! Car ne l’oublions pas, certains médecins font commerce avec des théories foireuses, et la plupart manquent cruellement de connaissances sur des sujets précis, comme les alimentations végétales.

D’ailleurs si vous êtes professionnel-le de santé, on vous invite particulièrement à vous renseigner là-dessus, car le manque de connaissances des professionnel-les de santé sur les alimentations végétales participe à écarter les personnes concernées de la médecine, et risque de les amener à consulter des charlatans.

Pour suivre vos patient-e-s végétarien-ne-s ou végétalien-ne-s, vous pouvez notamment vous référer au site végéclic qui a justement été créé pour aider à leur prise en charge.

[N’hésitez pas à aller faire un tour sur la chaîne de Sohan !!].

———————————————————————————————

Sources et liens :

Lien vers la chaîne de Sohan : https://www.youtube.com/channel/UC3qc1bJiPQv4LD01U3HqHEg/videos

Mes précédentes vidéos citées dans celle-ci :
Sur raisonner rationnellement en parlant d’écologie (dont on voit des extraits dans la vidéo présente)
Sur l’aphrodisme et les TCA

Vidéo de Tofu Critique sur les régimes alimentaires des humains préhistoriques :
https://www.youtube.com/watch?v=Ed-x51znX3g

Sur les pesticides, etc. :
https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2013/revue-medicale-suisse-394/fruits-et-legumes-peuvent-ils-etre-dangereux

Solanine :
https://www.centreantipoisons.be/alimentation/les-pommes-de-terre-vertes-et-les-tomates-vertes-non-m-res#:~:text=Toxicit%C3%A9

Cyanure : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/publications/vie-saine/recommandations-pour-qualite-eau-potable-canada-document-technique-cyanure.html

Dosage dans les amandes : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24171123/ 

Article sur les pesticides, par l’INSERM :
https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/
Debunk de la vitamine C comme traitement du rhume, par l’INSERM  :
https://presse.inserm.fr/la-vitamine-c-traitement-miracle-contre-le-rhume-vraiment/46126/

Sur les perturbateurs endocriniens :
https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/1476-069X-14-13

Exemple de site avec prétention extraordinaire et liens redirigeant vers leurs propres articles :
https://www.comment-economiser.fr/le-the-vert-un-super-aliment-contre-vieillissement.html
https://www.consoglobe.com/revue-super-aliments-cg/12

Sources et liens pour se documenter sur les questions de nutrition :

Chaîne de Thibault Fiolet :
https://www.youtube.com/channel/UC5HUj4ZgYoIXU_eonLQxbtg/videos

Site de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) : https://www.anses.fr/fr

Pour se renseigner sur les alimentations végétales :
Veganalytics : https://www.instagram.com/veg_analytic/
L’ONAV (observatoire national de l’alimentation végétale) : https://onav.fr
https://jemangevegetal.fr
https://sante-vegane.fr

https://végéclic.com (outil destiné aux professionnel-le-s de santé pour aider à la prise en charge des patient-e-s végé,).

La chaîne de Matadon, à propos des OGMs, glyphosate, pesticides, bio, etc.
https://www.youtube.com/user/TheMightyMatadon/videos
Sa Playlist sur les différentes formes d“OGMs cachés” :
https://www.youtube.com/playlist?list=PL8U1lhhuSataszAhY1gAm8pMZzQlRirpo
Critique de l’étude de Séralini :
https://www.youtube.com/watch?v=nBzYpCg2r60

Si vous ou une personne de votre entourage êtes concernées par la problématique des TCA, nous vous invitons à contacter votre psychologue, psychiatre et/ou médecin traitant, et vous référer au lien suivant :
Lien vers la Fédération Française d’Anorexie et de Boulimie (FFAB) : https://www.ffab.fr/
Trouver de l’aide : https://www.ffab.fr/trouver-de-l-aide/pres-de-chez-moi-carte. Le site donne accès à un annuaire qui référence les structures et professionnels qui prennent en charge les TCA »

Écriture : Sohan Tricoire et Yohann Hoarau
Montage : Skorly
Relecture : Thibault Fiolet (@quoidansmonassiette/thibsciences), Florimond Peureux (@ONAV/jemangevegetal), Guilhem (@veganalytic) et Lyla (@raie.futée).